Who needs sport anyway [Gil]

Dix minutes. Voilà qu’il apprécie depuis dix minutes les cheerleaders faire leurs pirouettes dans les airs et danser en chantant. Elles portent de petites jupes et sont toutes très belles, de quoi profiter tranquillement de la vue. Mais après l’entraînement des filles, il sait que des abrutis de princes et qui sait quoi encore vont venir faire les pitres. Enfin, s’entraîner. Les joueurs de Tournois devraient bientôt tous arriver. Il ne voit vraiment pas pourquoi ils s’entraînent, c’est ridicule leur sport. Sur l’Île, ils jouent aussi à certains sports. Et là, c’est intéressant. Honnêtement Harry ne voit pas du tout l’attrait de son meilleur ami pour le Tournois. Même s’il soupçonne que Gil y trouve surtout son ‘fun’ à cause de Jay. En voilà un qui ne perd rien pour attendre. Harry serait son plus grand supporter s’il avait une chance de se faire déboiter les épaules sur le terrain. Mais vu qu’ici, à Auradon, le sport est synonyme de plaine de jeu pour bambins pleurnichards… Il y a peu de chance que ça arrive.

Agacé, il se lève brusquement en marmonnant entre ses dents. Quelques élèves assis non loin de lui lui jettent des regards inquiets, alors que deux d’entre eux prennent littéralement leurs jambes à leur cou. Franchement, ils ont peur de quoi, exactement ? Ce n’est pas comme s’il va leur faire du mal, il n’a pas son crochet sur lui. Encore une de ces règle à la noix qui l’insupportent. Il ne voit vraiment pas où est le mal à se promener avec son crochet, tant qu’il n’en fait pas un certain usage. Mais non, les professeurs lui ont tous fait savoir que bla bla bla. Il n’a même pas envie de se souvenir de la lecture à laquelle il a eu droit, ils ont été jusqu’à le menacer de lui confisquer, vu qu’au début il n’en faisait qu’à sa tête. Non, il n’a pas décidé de laisser son crochet au dortoir suite à cela, mais suite à sa conversation avec Uma. Elle sait à quel point il tient à son crochet, et que si l’un de ces imbéciles le lui avait pris, il aurait sans doute être dû ramené sur l’Île dans l’heure qui suit. Il a le tempérament bien trempé et aucune patience pour les idioties des autres. Sauf celles de Gil, et encore. D’ailleurs…

C’est pour son meilleur ami qu’il traîne non loin du complexe sportif. Il compte bien l’intercepter avant que ce dernier ne rentre dans les vestiaires. Harry a déjà vu quelques têtes qui lui sont maintenant familières rentrer. Jay est encore dans les abonnés absents. Harry s’attend à le voir arriver bras dessus, bras dessous avec Gil. Il ne sait pas ce qu’à son ami, mais il semble avoir trouvé en Jay un véritable compare. C’est limite s’ils ne sont pas attachés à la hanche de l’autre. Et on se demande après pourquoi il est aussi énervé. D’ailleurs, en parlant du sacré duo, en voilà une moitié. Harry lance un regard noir au fils de Jafar, avant de s’éloigner du complexe et suivre le chemin qui y mène. C’est une bonne nouvelle, qu’il ait croisé Jay seul. Ça veut dire que Gil est un peu à la traîne et qu’il aura plus facile à le persuader de ne pas se rendre à l’entraînement. Bordel, il y a des trucs plus cools à faire que ça ! Fort heureusement, il voit l’autre pirate arriver.

S’avançant vers lui en souriant, car ça lui arrive bel et bien, les deux jeunes hommes se croisent à mi-chemin du complexe. « Gil !» Harry n’hésite pas une seule seconde à passer son bras autour des épaules de Gil, pour le détourner de sa destination et l’obliger à rebrousser chemin. « Je t’ai cherché partout, viens, on va s’amuser un peu. » S’il compte sur l’humeur joviale de son meilleur ami pour le suivre sans se poser de question, c’est dans le vain espoir qu’il oublie momentanément son satané entrainement.

Trouver Gil, check. L’emmener avec lui. Double check. Jusqu’ici, tout va bien, son ami le suit sans poser de question. Mais Harry sait que Gil mets parfois un peu plus de temps à réagir que les autres. Et effectivement, il le suit bien mais lui sort une vraie bêtise. « Oui, c’est moi, tu t’attendais que ce soit qui ? » Ouep, c’est déjà fichu pour rester super sympa, le ton de sa voix devenant légèrement plus froid et… accusateur. Il va vraiment falloir qu’il se dise que Gil ne va pas rejoindre les AK en mode papillon rose, parce que Jay commence à lui sortir par le nez.

Ce n’est pas autant qu’il est jaloux du fils de Jafar, non, loin de là. C’est un sale traître, doublé d’un imbécile sans cervelle. Si ces termes pourraient être utilisés pour Gil également, Harry ne le voit pas comme ça. Gil, c’est son ami. Alors oui, parfois il n’utilise pas beaucoup sa tête. Voir très peu. Et Harry n’est certainement pas le meilleur ami super sympa qui fait comme si de rien n’était, parfois il peut sembler cruel aux yeux des autres. Mais ça reste Gil, et Harry le voit plutôt comme un frère qui a d’autres centres d’intérêts, d’autres occupations et une toute autre vue sur le monde. Ça lui a évité plus d’une fois de l’étrangler lorsqu’ils ont commencé à trainer ensemble, parce qu’il faut admettre qu’il est loin d’être patient. Et parfois, c’est ce qu’il faut être avec le fils de Gaston. En même temps vu le père… Au moins le sien a seulement une peur bleue des crocodiles.

Et donc, tout va bien, il arrive à faire suivre Gil l’espace de quelques foulées, mais ce dernier vient rapidement lui rappeler qu’il a entraînement, qu’il est déjà en retard… Ce n’est que lorsqu’il se défait de lui qu’Harry commence vraiment à ressentir cette colère noire dont il a pourtant l’habitude. Gil lui fait même un signe de la main, reprennent sa route vers le complexe sportif. Harry le suit, ses foulées  bien plus agressives qu’elles ne devraient l’être. Personne n’a intérêt à le bousculer maintenant ou ça va mal se passer. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, Gil précise bien pour quoi, qui, il le laisse ainsi en plan.

« Juste après ! » s’exclame-t-il en suivant pas pour pas l’autre pirate. « Juste après quand Jay te traîneras je ne sais où pour faire je ne sais quoi ? »

Il n’explose pas, pas encore. Il a compris, lui que Gil a trouvé un nouvel ami avec qui il veut passer tout son temps. Et il connaît l’autre pirate, ça ne l’étonne pas qu’il fasse copain copain avec un de ces sales traîtres, mais de là à lui tourner le dos, à lui ? Ce n’est pas comme s’ils sont amis depuis des années, non, pas du tout ! Et si cet imbécile de Jay pense qu’il va gentiment le laisser endoctriner Gil à la façon Auradon, ha ! Il veut un meilleur ami, qu’il aille prendre celui d’un autre. Attrapant Gil à l’épaule, il l’oblige un peu brusquement à se tourner. Le nombre de personnes qui se permettent de bousculer le fils de Gaston se comptent sans nul doute sur les doigts d’une main. Et Harry est persuadé qu’on ne peut même pas l’inclure à lui dans le lot, étant donné qu’il ne risque littéralement rien avec Gil. Tout comme ce dernier ne risque jamais de se prendre un coup de crochet, c’est comme ça, ça ne s’explique pas. Toutefois, ça serait pourtant bien plus facile d’en arriver là que de se parler, du moins, pour Harry. Il est troublé et sait qu’il est profondément égoïste, mais comme tout être égoïste, ce savoir est aussi le cadet de ces soucis.

« Tu peux t’arrêter deux minutes ! Ils ne sont pas encore tous là alors t’as le temps d’être en retard si tu veux. Et puis qu'est-ce que ça peut te faire que le traître soit content ou non ! » C’est avouer qu’il observait les allez et venu des joueurs de l’équipe, mais sur le moment même il ne s’en rend pas compte. Il n’est pas encre sortit de ses gonds, mais sa voix laisse transparaître sa colère.

On lui a appris une seule chose dans cet endroit maudit et qui lui a servi déjà plus d’une fois pour ne pas perdre son calme légendaire face aux idiots. Compter jusqu’à dix pour se calmer les nerfs. Ah, ça, ce n’est pas sur l’Île qu’on vous apprend à faire ça. Néanmoins, il aurait encore pu compter jusqu’à cent que sa colère n’en serait pas diminuée. Il n’a cependant rien à redire à la réplique de Gil. C’est vrai que son ami, son meilleur ami, traîne avec le traître et s’est inscrit dans les même clubs que lui, mais jamais encore il n’a fait faux bond à Harry. Il n’est pas ponctuel, mais il ne laisse jamais personne en plan. Et pourtant..

« Parce que t'as la mémoire courte ? »

Remarque acerbe, qui n’a pas lieu d’être, là, dans l’immédiat. Mais à part lui sortir que Jay serait bien foutu de lui coller aux basques et qu’ils finiraient sans doute par traîner à trois, il n’a trouvé rien d’autre à dire. Heureusement, Gil finit par lui accorder une minute. Et la simple pensée qu’il lui ‘accorde’, une minute, le fout d’avantage en rogne. Bon, il sait aussi que si l’autre pirate le voulait il serait déjà dans les vestiaires, ce n’est pas Harry qui peut réellement l’en empêcher. Gil n’aurait jamais dû naître sur l’Île. Il aurait été comme un poisson dans l’eau à Auradon. Harry a une petite pensée pour Chad, le simplet de service, et se rend compte à quel point ça aurait été un désastre. On dit ce qu’on veut de l’Île mais au moins, les muscles dissuadent les abrutis. Harry n’aime pas l’admettre mais il doit avoir que les gentils petits élèves d’Auradon peuvent être vachement blessant dans leurs paroles. Quand il les voit entre eux, il s’estime presque heureux d’avoir grandi dans un endroit où au moins tout le monde montre son vrai visage.

« Ouais, t'aimes tout le monde, c’est ça le problème. »

Lui, ne pas aimer Jay ? Qu’il tente plutôt dire qu’il le déteste de tout son être. Ça s’en rapproche, d’ailleurs il commence à le détester plus que Mal, qui elle l’a pourtant le plus déçu dans toute cette histoire. Gil a l’audace de lui dire qu’ils peuvent en parler plus tard. Et l’espace d’une seconde, Harry se décompose totalement. Il est bien en train de le relier au second plan, là, non ? Évidemment, la surprise laisse place à la colère qui refait rapidement surface.

« T’es sérieux !? »

Non mais c’est une blague. Harry devrait vraiment s’arrêter une minute pour réfléchir à ce qu’il dit, ce qu’il fait, la façon dont il agit… Mais tout comme pour son crochet, lorsqu’il s’agit de Gil et d’Uma, il arrête de penser et agit, tout simplement. Gil est un ignorant, ça, c’est clair, au cas où il en doutait encore. Il ne voit pas le problème, vouloir s’entraîner à cette idiotie de Tournois plutôt que de venir avec lui, son meilleur ami. Harry avait une idée en tête d’ailleurs, pour rire un bon coup au dépend de quelqu’un d’autre. Il n’avait certainement pas prévu que ce serait si compliqué de faire suivre l’autre pirate. Qui lui sort une énième ineptie. Un petit silence s’installe, on pourrait entendre une mouche passer par-là, avant qu’Harry ne rit un court instant. Le fils du Capitaine Hook est bien des choses, mais quand il rit ainsi froidement, c’est loin d’être bon signe.

« Je préfère encore nager dans des eaux infestées de crocodiles ! T’as rien compris, rien du tout. Votre Tournois à la noix, vous pouvez-vous le garder. Ne vient pas me trouver plus tard, t’as qu’à demander à Jay s'il veut passer le reste de sa journée avec toi. »

Ceci dit, il fait volte-face et s’éloigne de l’autre pirate, encore plus énervé qu’il ne l’était il y a moins d’une minute. Mais surtout blessé, bien qu’ô grand jamais il ne l’admettrait. Se faire remplacer, ça n’a rien de drôle. Et il n’a pas encore dit son dernier mot, mais là il considère sincèrement se rendre sur le terrain pour foutre une raclée au fils de Jafar. Et s’il est suffisamment arrogant pour se lancer, il sait aussi que ce n’est pas pour autant la meilleure idée qu’il peut avoir. Se faire expulser d’Auradon à cause de cet imbécile, jamais ! Il se fout bien de sa crise de jalousie, là, sur le moment.

Ça l’énerve, c’est peu de le dire. Harry est bien des choses, mais il n’est pas du genre à être si peu sûr de lui qu’il craint à chaque tournant de perdre les gens qui lui sont cher. Au contraire, sur l’Île il a beau avoir appris, comme tout le monde, que c’est chacun pour soi, ça fait bien des années qu’il n’a pas à s’en inquiéter. Uma et Gil sont des constantes dans sa vie, tout comme le seront toujours Harriet et CJ. Peu importe ce qui arrivait, ce qui se disait, ça ne changeait jamais et ne changera d’ailleurs jamais. Alors c’est peut-être ce foutu royaume d’Auradon, ce changement, ce renouveau, qui font qu’il a l’impression de perdre pédales. Il a déjà perdu ses habitudes et au début, c’était plus facile. Mais depuis que Gil et Jay s’entendent si bien… ça l’est moins. Bien sûr, encore une fois, c’est égoïste, mais lui, c’est normal qu’il l’est. Il fait à peine quelques pas pour retourner vers son dortoir, qu’il fait déjà demi-tour. Pas autant parce qu’il se rend compte qu’il a dépassé les bornes, mais parce que son plan initial c’était d’entraîner Gil avec lui pour que ce dernier n’aille pas à l’entraînement, justement.

Le problème ? C’est que maintenant, c’est son ami qui a l’air plus que contrarié. Harry connaît suffisamment Gil pour savoir qu’il a dit le truc de trop. Le truc qui, plus tard, quand il réfléchira à ce qu’il a dit, va lui sauter aux yeux, même si là c’est loin d’être le cas. Cette fois-ci il ne peut pas se sentir coupable après les faits, vu que Gil le remet bien à sa place. Le fils du capitaine Hook n’a pas l’habitude de voir le fils de Gaston aussi sérieux. C’est vachement déroutant de le voir de la sorte. Et Harry.. il aime ses habitudes et savoir comment les gens réagissent. Même si la réaction de Gil pourrait en surprendre plus d’un, qui doivent penser que c’est une guimauve tout le temps, l’autre pirate sait que ce n’est pas le cas. Donc sa réponse le déroute, oui, mais surtout parce qu’il se rend bien compte soudainement qu’il a vexé Gil et que ce n’était pas du tout le but. Même ça, il n’y arrive pas. Décidemment, ce n’est pas étonnant qu’il va se faire remplacer par un des quatre traîtres. Et ils ont peut-être besoin de se calmer tous les deux, c’est même évident, mais Harry n’a jamais été du genre à prendre son mal en patience, même lorsque c’est utile. Et puis, le souci, c’est bien la confiance, non ? Comme il aimerait dire que ce n’est pas ça.  Harry n’est pas du tout du genre à se montrer vulnérable devant qui que ce soit, à part devant les deux personnes pour qui il mourrait sans la moindre hésitation. Alors avant que Gil ne s’éloigne trop, qu’il se rende à ce foutu entraînement, Harry le rattrape et lui barre la route. Vu l’état d’esprit de son ami, il risque d’ailleurs de se prendre un coup d’épaules, mais il ne va pas attendre ‘plus tard’ pour régler le souci, parce que d’ici là, il se sera dégonflé.

« Tu m’as déjà abandonné. » En temps normal, vu qu’il arrive à faire d’une mouche un éléphant, et c’est de famille, il ne faudrait sans doute pas le prendre au mot. Sauf qu’en toute sincérité, c’est ce qu’il a l’impression qui est arrivé depuis qu'ils ont franchit la barrière. Mais avant que Gil ne prenne encore plus mal ce qu’il vient de dire, il clarifie ses mots. « Je me doutais que ce ne serait pas comme sur l’Île, parce que forcément que là-bas on traînait toujours tous ensemble. Tu m’connais, j’ai pas vraiment envie de me faire des amis, vous me suffisez amplement avec la crew. Mais j’avais pas réalisé qu’une fois qu’ils nous laisseraient traverser la barrière, t’allais t’entendre avec tout le monde et du coup, trainer avec eux la plupart du temps. »

C’est horriblement pathétique, voilà ce que c’est. Il n’arrive presque pas à croire qu’il vient de dire ça, par tous les Dieux qui hantent les mers. Il pourrait bien aller rejoindre les poissons à l’heure qu’il est mais ils sont bien loin d’un lac ou de l’océan.

« T’es pas un mauvais ami, Gil. C’est moi qui ne suis pas un assez bon ami. »

Encore une fois, mode dramaqueen activated, parce que celle-là elle est de trop, même si c’est ainsi qu’il arrive à se sentir. Parce que, clairement, Jay est bien plus cool que lui pour une multitude de raisons qui lui échappent.

L’Egoïsme, c’est sans doute aussi de famille. Logique, même, qu’un pirate ait tendance à l’être. Peut-être pas en général, car un véritable égoïste ne risquerait pas sa vie pour les membres de son propre équipage, ou un bras, une blessure… Mais avec ses possessions ? La plupart des pirates tiennent à ce qu’ils ont, défendent leurs biens et ne les prêtent même pas pour un instant. Son père était le genre d’égoïste qui ne partageait pas, qui se foutait du sort des autres et qui faisait ce qu’il lui plaisait. Pas étonnant que le fils ait de telles tendances, n’est-ce pas ? Tel père, tel fils, c’est bien le dicton. Heureusement qu’il n’est néanmoins pas aussi égoïste que son père. Il n’en serait certes pas là, mais c’est là aussi le problème. Gil n’est pas une possession, évidemment. Il n’est pas un objet qu’il possède et qu’il sait cacher dans un coffre, enfuis six pieds sous terre. C’est bien pire que ça. Gil est son meilleur ami. Son frère, même s’ils n’ont aucun lien de sang. Son acolyte, son partner in crime. Dans le trio infernal qu’ils forment avec Uma, Gil n’en est pas seulement les muscles, comme certains aimeraient le croire. C’est le facteur principal qui fait qu’ils travaillent si bien ensemble tous les trois. Uma est fine stratège, une véritable meneuse dans l’âme qui sait ce qu’elle veut et faire le nécessaire pour l’obtenir. Harry se décrit plus facilement par son impulsivité et son côté obsessionnel, mais dès qu’il a un objectif à atteindre rien ne l’arrête. C’est là que Gil fait toute la différence. Si ce dernier se laisse volontairement entraîner par ses deux amis, son entrain est ce qui change réellement la donne. Peu importe si par moment il dit quelques bêtises, quand quelque chose va mal ou qu’un plan tombe à l’eau, il arrive à vous remonter le morale, à vous redonner l’envie de vous donner corps et âme à la cause qui précédemment semblait perdue d’avance.

Alors oui, c’est pire, car l’amitié, c’est trop précieux. Plus précieux que des navires ou quelconques trésors en ces mers. Le fils de Hook n’a jamais eu à se plaindre, si son père ne possédait certes pas la moindre miette d’amour dans son cœur noir, il avait toujours eu ses sœurs. Avec Harriet c’est certes compliqué, mais CJ ? La prunelle de ses yeux, voilà ce qu’elle est. Elle est sans doute la seule personne au monde à qui il ait un jour dit les fameux mots que toute personne normalement constituée à Auradon prononce dix fois par an sans la moindre hésitation. Mais en amitié, ça a toujours été une toute autre histoire. Ses sœurs, elles sont obligées de le supporter, alors forcément, ça devait bien créer un lien tôt ou tard. Mais les autres enfants de l’Ile ? Disons qu’Harry n’a jamais été très populaire. Une moitié le fuyait déjà en voyant son crochet à la main et sa façon de s’en occuper comme s’il n’y avait rien de plus important au monde. L’autre se moquait du fils de Hook avec leurs satanés reptiles, avant d’apprendre aux dépends de leurs bestioles ou de leurs mains qu’il pouvait être légèrement instable. Bon d’accord, très quand ça lui prend. Il aime faire du mal aux gens, même si c’est plus une habitude que quelque chose qui le font se lever le matin. Et dans cette bulle de solitude qu’il s’est lui-même créé, Uma et Gil ont tous deux été une bouffée d’oxygène. Mais c’est aussi les seuls. Et c’est là, le souci d’Harry. C’est que ses amis sont bien plus sociable que lui, qu’il est antisocial et que ça ne lui plaît pas de voir qu’eux ne le sont pas pour le moins du monde. Il a un petit pincement au cœur en voyant le regard de Gil, ce dernier le détourne rapidement et a du mal à parler sous l’émotion. Ce qui, en contre effet, rend Harry aussi mal-à-l’aise.

Il connaît trop bien l’autre pirate. Mieux qu’il ne se connaisse lui-même, c’est l’avantage quand on est uniquement proche d’une petite poignée de personne. Car c’est bien le cas de le dire, les seules personnes dont il est proche se comptent sur le doigt d’une main. Il a passé bien trop de temps avec son ami pour ne pas se rendre compte qu’il va tourner tout cela vers lui, croire qu’il est un très mauvais ami, se sentir coupable et… ça lui obtient ce qu’il veut, mais c’est loin d’être ce qu’il veut. La partie la plus égoïste en lui peut danser de joie en ce moment même, mais ce fait rapidement écrasé par e que certains appelleraient son cœur.

« Hey, non. » dit-il en posant ses mains sur les épaules de son acolyte.« Ce n’est pas de ta faute, vraiment pas. C’est bien que tu t’entendes avec J… d’autres gens, t’as toujours été le plus sociale de nous deux. On découvre tous Auradon mais tu le fais mieux que moi, c’est tout. Je… J’voulais pas dire ça comme ça. Tu m’as pas abandonné, ok ? T’as juste trop d’avance pour moi. »

On ne lui attribuera certainement pas un prix pour ses capacités à rassurer les gens, vraiment pas. Il faut dire ce qui est, tout ce qui touche aux sentiments et aux conversations de cœur à cœur a tendance à lui donner l’envie de fuir ou de lever les yeux au ciel au point d’en avoir mal au crâne. Mais là, il se sent très mal et c’est uniquement parce que Gil se sent ainsi. Alors les prochains mots de ce dernier choquent le fils de Crochet. Il reste abasourdi un instant et cligne plusieurs fois des yeux.

« Vraiment ? » demande-t-il avec beaucoup trop d’entrain en réponse à la dernière phrase de son ami, laissant son enthousiasme prendre les devants sur la raison, qui lui revient néanmoins très rapidement. « Gil c’est pas une question de gagner quoique ce soit, t’aime bien faire du Tournois, j'ai pas dis que tu devais quitter l'équipe... »

C’est très contradictoire, car il voit à travers le masque de son ami mais n’aurait en même temps pas pu espérer mieux, au moins, ce sera déjà une activité de moins avec le traitre et une chance de moins de perdre son meilleur ami.

L’instant présent, il se sent mal-à-l’aise à l’idée que son meilleur ami puisse penser être en tort, sachant très bien qu’en réalité c’est lui qui agit comme un gamin. Et l’instant d’après, Gil manque de l’étouffer en le serrant dans ses bras. Harry et suffisamment surprit qu’il a à peine le temps de lui rendre son étreinte. Il faut dire ce qui est, il n’est pas habitué à ça, même si au fil des années il a appris à s’y faire de la part de Gil, qui est bien plus spontané que quelconque autre membre de l’équipage. Toutefois, le sourire de Gil ne l’induit certainement pas en erreur. Et Harry sait qu’il a fait une connerie, en parlant tout simplement de trop, mais ne rectifie néanmoins pas cela. Car ils retourneraient au point de départ, et c’est loin d’être ce qu’il veut. Il a besoin de réfléchir à la question avant de dire que tout ceci n’a pas d’importance et de dire à son ami d’oublier cette conversation.

« Tu ne t’entends pas avec les autres membres des équipes de sport ? »

Il connaît la vérité, car s’il ne supporte pas Jay, c’est justement parce que Gil traine avec lui. S’il s’était lié d’amitié avec toute l’équipe, ça l’aurait peut-être d’avantage agacé mais sans doute pas de la même manière. Non, Jay aime l’aventure, Gil aussi. Il voit déjà ce sale traître mettre des idées dans la tête de l’autre pirate et en faire un aventurier à ses côtés. Il préfère encore complimenter sa sœur que de laisser une telle chose se passer. Ou faire discrètement disparaître Jay dans un marais, il doit bien en avoir par ici, non ?

« Un équipage sans bateau, on peut encore appeler ça un équipage ? Mais j’suis sûr qu’ils seraient partants pour aller faire quelque chose, n’importe quoi. »

Encore un truc qui le dérange, mais il se raccroche bien trop à ses repères pour ne pas le dire ainsi. Pour lui, être pirate, c’est la vie. Vivre sur un bateau, en pleine mer, devoir affronter les tempêtes, voilà ce qu’est sa vie. Ou celle qu’il aimerait avoir. C’est sans doute aussi pour cela qu’il s’entend aussi bien avec Uma, elle aussi n’est pas faite pour rester les deux pieds sur terre. Contrairement à Gil qui lui, serait très à l’aise en montagne, Harry n’en doute pas une seconde. Et il revient donc rapidement à ressentir cette once de jalousie, ou est-ce peut-être de l’insécurité, à la simple pensée. Alors, il passe son bras autour des épaules de son ami pour qu’ils aillent ailleurs. Rester près du terrain de Tournois, non merci.

« Je sais dans quelle chambre loge le fils de Maliss. J’aimerais lui jouer un tour et j’veux ton avis, parce qu’avec toutes leurs règles je ne sais pas si je ne risque pas de me faire renvoyer vite fait. »

Une façon de le distraire, l’entraîner dans ces idées farfelues qui généralement ne promettent rien de bon pour ses victimes.

Il sait que Gil n’est pas ami avec tout le monde, enfin, du moins avec tous les membres des équipes dans lesquelles il est. Non pas par faute d’envie, parce que c’est Gil et que contrairement à la majorité des jeunes de l’Île, il est plutôt facile d’approche et sociable. Mais les enfants d’Auradon n’ont que préjugés et méfiance à offrir aux habitants de l’Île. Harry s’y était préparé, même s’il se foutait royalement de l’avis de la population d’Auradon et des autres étudiants. Mais il s’était attendu à ce que ceux faisant un effort, ou ne démontrant pas d’attitude négative à ce changement, soient plus facilement acceptés. Ou même les plus jeunes, parce que des enfants restent des enfants. Mais c’est une utopie qu’il s’était là imaginé car rien ne se passe ainsi. Et Gil fait partie de ceux qui pourraient pourtant s’intégrer si facilement, mais qui n’en ont pas vraiment la chance car les autres étudiants ne leurs en donnent pas l’opportunité.

Tiraillé entre vouloir voir son meilleur ami faire ce qui lui plaît et la crainte qu’il va finir par trop s’intégrer, Harry a laissé son égoïsme parler pour lui. Il n’y a peut-être pas que du mal là-dedans, parce qu’il n’est pas doué pour exprimer ses sentiments et que pour le coup, c’est un peu ce qu’il a fait. But then again, si les AK’s auraient bougé leurs petits arrière-trains pour mieux intégrer Gil, un ancien VK, traître absolu de surcroît, n’aurait pas dû le faire. Et sans doute que les deux s’entendent pour une multitude d’autres raisons que ça, mais Harry est légèrement paranoïaque quand ça lui prend. On sait de qui il tient ça. Il est persuadé que Jay a vu l’opportunité de se rapprocher d’un membre de la crew et de le convertir aux enseignements Auradon. Ha. Il veut lui voler son meilleur ami et en faire un mouton, il en est hors de question.

« Yup, et une équipe se serre les coudes ! Hey, si t’aimes tant le tournoi on aurait dû monter notre propre équipe, même si les princesses n’auraient pas forcément apprécié jouer contre nous. »

Il voit déjà les autres membres de l’équipage faire face à l’équipe du campus. À part Jay, les autres étaient certainement toutes des mauviettes. Et ce n’est peut-être pas la chose à dire maintenant, mais avec un peu de chance Gil pâlit plus à l’idée de ne plus faire de tournois que d’effectivement passer moins de temps avec Jay. Harry ne l’appréciait déjà pas, pas du tout même, mais il commence à le détester du plus profond de son âme. Et Gil…. A un air absent. Pas confus, comme il peut parfois l’être, non non, bel et bien absent. Le fils de Crochet tente bien de l’entraîner dans ses idées farfelues, sans trop de succès, même si pour sa défense Gil tente de lui faire croire le contraire. Et même lorsqu’il lui demande ce qu’il doit faire, ça manque d’entrain, trop. Il n’est pas question qu’il tente de convaincre l’autre pirate que quitter l’équipe de Tournois n’est vraiment pas nécessaire. Il préfère encore nager avec Tick Tock.

Mais comment est-ce qu’en si peu de temps, Gil a ainsi pu apprécier les sports et ce sale traître pour en être à moitié déprimé dès qu’il décide d’arrêter le premier, et par conséquences donc moins trainer avec le deuxième ? À moins qu’Harry ait jugé le tout du mauvais angle… Oh non, c’est encore pire. Et il manque presque de trébucher à cette révélation avant de s’arrêter, obligeant Gil à faire de même et le regardant, quelque peu intrigué.

« On dirait que quitter le Tournois c’est comme marcher sur la planche… Il a quoi de spécial, Jay, à part le fait d'être un traître qui nous aurait tous laissé pourrir sur l'Île? »

Il aurait préféré se dire que Gil ait une envie de changement qui implique toutes les facettes de sa vie. Plus d’Île, plus de pirates, plus besoin de ses anciens amis. Ce serait presque moins grave que ce qu’il s’imagine là, parce qu’il connaît trop bien Gil pour ne peut-être pas en réalité s’en être rendu compte, ce qui expliquerait qu’il est incapable d’accepter cette amitié. Ou bien Jay fait chanter Gil et l’oblige à jouer au gentil VK, ce qui signerait son arrêt de mort.

L’idée de former une équipe avec les autres pirates, il ne l’a que pour faire plaisir à Gil, même si ce dernier ne semble pas plus emballé que ça. Harry croît pourtant sincèrement que son meilleur ami aime faire ce sport, même si lui ne comprend absolument pas pourquoi. C’est là qu’encore une fois, leurs différences sont d’autant plus prononcées. Si Gil cherche à s’intégrer, par exemple, Harry préfère faire le contraire. Et si Gil joue bien en équipe, c’est parce qu’en soit il est doué pour travailler avec les autres. Harry l’est en réalité bien moins, mais chez lui c’est plus une question d’envie que de capacités quelconques. Forcément qu’en aillant grandit entre des pirates, il a appris l’essence même de l’utilité d’un équipage. Même si son père l’a préparé à devenir Capitaine, et non First Mate. Cependant, c’est aussi à cause de la dite éducation qu’il n’imagine pas un seul instant qu’on puisse préférer la terre à la mer, ou en tout cas ne pas préférer la mer au reste du monde. Il connaît pourtant Gil, autant qu’il connaît ses propres sœurs, mais l’idée en soit reste inconcevable.

Et l’espoir qu’il soit attaché au sport, et non à Jay, est tout aussi ridicule. Il le sait très bien, que Gil s’est lié d’amitié avec le fils de Jafar. Qu’il le suit dans ses clubs de sports à la noix et qu’il passe du temps avec lui. Ce qui joue dans toute cette histoire, outre le fait que ce sale traître lui vole son meilleur ami, c’est qu’ici à Auradon tout est différent. Passer d’un endroit où, forcément, personne ne sait s’en aller bien loin, à un endroit où la dite personne peut disparaître à l’autre bout du monde… Sans parler d’une simple habitude qu’il avait prise, quand il ne voguait pas à ses propres occupations sur l’Île, il trainait avec Uma et Gil. Alors ne plus traîner autant avec lui ici, parce qu’il y a un monde à découvrir, c’est quelque peu dérangeant. Le fils de Gaston s’adapte bien plus facilement que lui, en temps normal ça aurait pu l’agacer mais là, non. Lui qui avait un jour voulu se faire manger la main gauche, perdait aujourd’hui son bras droit. Il était peut-être celui d’Uma mais Gil était le sien.

Ne pas aimer Jay, quel euphémisme. Il en est à un tel point qu’il ne lui planterait pas seulement son crochet mais qu’il lui creuserait un beau trou six pieds sous terre à la petite cuillère. Néanmoins, il arque un sourcil en entendant qu’un entraînement ait été annulé..pour qu’ils passent la soirée ensemble. C’est décidé, il veut étriper le traître. Sauf que Gil, lui, est d’une innocence sans nom et qu’Harry se fait peut-être un film.. Non, il a assez observé les deux pour se douter qu’il y a vu le truc de trop. Fantastique.

« Il a annulé en entraînement, juste pour que vous passiez la soirée ensemble ? Et en quoi ça t’aide à t’intégrer, parce que là sa tactique m’échappe complètement. »

Ou pas du tout, parce qu’Harry aime draguer et qu’honnêtement, là ce qu’il lui dit semble avoir un sens caché. Gil ne s’en rend clairement pas compte, même si le geste est presque grandiose. À moins qu’annuler un entraînement de Tournoi est monnaie courante, ce qui ne l’étonnerait pas plus que ça au vue des joueurs.

« On ne s’est jamais entendu lui et moi, et ce n’est pas en étant ici que ça va changer. Il est peut-être ton ami maintenant, Gil, mais il ne s’est pas une seule seconde soucié de ceux qui restaient sur l’Île quand il a aidé la mini-dragonne à déjouer les plans de sa mère. Sans le roi d’Auradon, on y serait encore. Et eux vivraient tranquillement leurs nouvelles vies. »

Ce n’est peut-être pas le moment d’impliquer le reste de la clique, à savoir surtout Mal, étant donné qu’il lui voue une rancœur d’autant plus tenace qu’à Jay. Parce que c’est personnel, en plus de tout  le reste. Néanmoins, le roi n’a toléré que d’autres descendants de l’île parce que les quatre premiers ont fait leurs preuves. Il n’a cependant aucun doute sur ce qu’on leur impose à tous. Marchez au pas comme de gentils toutous ou retour à la niche. Et aucun Pirate qui se respecte accepte de se plier aux lois quelles qu’elles soient.

Gil mets parfois un peu de temps à comprendre ce que d’autres comprennent rapidement. Il ne faut pas nécessairement que ce soit une évidence, parce qu’il n’est pas non plus stupide. Mais parfois, oui, parfois il ne relie pas toutes les informations qu’il faut ensemble pour pouvoir apercevoir la totalité de l’image. Si ça peut-être frustrant, voire carrément agaçant à certains moments, dans ce cas-ci, c’est plutôt une bonne chose. Il ne répond pas à sa question mais lui confirme en quelque sorte ce à quoi il pensait. Et Harry ne sait pas si ce petit bout d’information l’enchante. Non, pas du tout. C’est pire. Parce qu’il peut rivaliser en amitié, même s’il ne croît pas que ce soit utile. Il est Harry Hook, no way in Hell que Gil ne le choisit pas, si choix il devait faire. Mais en amo.. enfin, autre qu’en amitié ? Yup, c’est fichu, il doit y mettre des bâtons dans les roues en attendant d’avoir foutu son crochet sous le menton de Jay.

Car ça chance tout. Et que si l’idée ne l’enchante pas, il voit bien le regret qui traverse le regard de son meilleur ami avant qu’il ne lui dise que ça n’a aucune importance, qu’il quitte l’équipe de toute façon. Egoïste, il l’est, c’est un fait. Mais sous sa carapace, sacrément épaisse, il a un cœur. Et dès qu’il s’attache à quelqu’un, il a tendance à vouloir les voir heureux. Calista Jane abuse régulièrement de ce détail, et Harriet aussi, en passant. Néanmoins, ça reste Jay. Et Gil. Qui est son meilleur ami, qui met parfois du temps à comprendre les intentions des gens. Enfin, quand elles ne sont pas mauvaises. Et le fils de Crochet ne sait pas encore si Gil ressent quelque chose pour Jay, mais il est très clair que pour ce dernier c’est visiblement déjà le cas. Il va devoir avoir une petite discussion avec ce sale traître, le comble de l’ironie, convaincre Gil de s’en éloigner et devoir aller lui parler. Quoique, il ne doit rien du tout. En tout cas, c’est ce qu’il pense avant de voir une expression peiné sur le visage de son ami. Par toutes les mers, il va devoir aller lui parler. Bon, mission convaincre Gil que les traîtres sont bien des traîtres, pour commencer. Le reste, c'est pour plus tard.

« Peut-être que quoi ? »

Il s’impatiente vite, surtout qu’il voit bien que Gil cherche à le défendre. Il n’y a rien à défendre. Ils sont venu ici, ont aimé la vie, les avantages, les gens, bref, tout. Et ont oublié leurs origines, leurs vraies natures qu’ils doivent ici étouffer sous dix milles règles.

« Et ? » dit-il avec nonchalance, comme si l’idée que tout soit réduit en cendres ne le dérange absolument pas. Ce qui, cas échéant, n’est pas le cas. Mais le rôle qu’il arrive à jouer avec des inconnus, il le prend parfois avec ses meilleurs amis, alors même qu’ils voient derrière cette façade. Lui non plus n’aurait pas voulu tout voir détruit. « S’ils s’en étaient tenu au plan, il n’y aurait plus de barrière derrière laquelle nous renvoyer si on fait un pas de travers ! »

Ils ont failli, point. Mal n’avait pas voulu aller à Auradon, puis quand elle a compris que ce n’était pas un choix, elle y est allée pour détruire cette barrière et tous les libérer. Tous les habitants de l’île, parents et enfants confondus. Il se fout bien de savoir si les trois autres suivent Mal comme des moutons écervelés, ils étaient tous coupable à ses yeux. De trahison, pure et simple.

« C’est le roi qui a fait venir les quatre premiers, c’est le roi qui a fait venir tous les autres. On peut lui accorder ça, il a un cœur d’artichaut, mais si tu crois que ces égoïstes ont été plaider en notre faveur, tu te trompes. »

Il n’en démordra pas.

Toute cette histoire l’énerve. Autant par cette amitié que semblent partager Jay et Gil, que pour ce que cela implique. Et n’est-ce pas d’ailleurs ça, le souci ? Ancré dans ses petites habitudes, vivre à Auradon l’a complètement chamboulé. Mais si en plus il doit voir son meilleur ami s’éloigner à grand pas, à cause d’un sale traître qui plus est… Voilà d’ailleurs que l’espace d’un instant, il se rend compte que ce qu’il fait ici, il ne l’a que très rarement fait sur l’Île. Discuter de ce qui ne va pas, en restant aussi calme que possible.. Auradon a déjà commencé à l’empoisonner avec tous leurs satanés discours. Cette réflexion lui remet les idées en place. Son regard se durcit, alors même que Gil semble d’autant plus dépité. Le fils du Capitaine Crochet croise les bras et attend, patiemment, que Gil comprenne enfin ce qu’il essaie de lui dire.

Quant à Jay… Une petite discussion s’imposera dans les jours qui suivent, même s’il vaut mieux pour lui, ainsi qu’Harry d’ailleurs, qu’il ne le croise pas seul dans un couloir. Être renvoyé sur l’Île parce que cet abruti essaie de corrompre son ami et que forcément, il s’en mêle, est loin d’être idéal. L’Île en soit n’est pas un souci, il sait parfaitement se débrouiller. Mais Uma risque bien de l’étriper s’il devait ainsi se faire renvoyer là-bas parce qu’il n’a pas su contrôler le monstre qui l’habitude. A.k.a la colère, bien qu’ici c’est surtout son côté possessif et égoïste qui vient pointer le bout de son nez.

« Tu t’es emballé, comme d’habitude. »

Ce n’est pas un reproche, même s’il le dit sur un ton neutre et qu’il tente de ne pas laisser paraître à quel point ça l’agace. Gil a toujours su faire preuve d’enthousiasme et ça le menait régulièrement à dire des bêtises. Il ne cherchait jamais à être blessant ou à véritablement rabaisser quelqu’un quand il énonçait sa pensée, seule raison pour laquelle aucun membre de l’équipage n’a jamais cherché à l’étriper quand sa pensée les énervait à eux en particulier. Enfin, Uma y est pour quelque chose, on ne rejoint pas son équipage pour se planter des couteaux dans le dos les uns les autres. S’il n’avait pas grandi sur l’Île, peut-être qu’il aurait cherché à rassurer l’autre pirate en lui disant qu’il n’était pas le seul à s’être emballé. Harry avait quand même surprit deux autres pirates en pleine admiration devant le buffet de la cafeteria, et plus d’une fois. Nul besoin de mots pour comprendre que ces deux-là resteraient bien à Auradon, ne fusse que pour la nourriture. C’est dans ces moments-là qu’Harry se souvenait pourquoi il n’avait jamais voulu être Capitaine. Son père se foutait du sort de ses hommes mais savait tenir, alors que lui mettrait moins d’une semaine pour balancer la moitié de ses hommes par-dessus bords. Uma n’apprécierait néanmoins pas qu’il fasse subir le même sort aux membres de la crew. Et tout come Gil, il préfère de loin changer de sujet.

« Yes, il n’est pas dans l’même couloir que nous mais devine avec qui il partage une chambre ? » Il ne laisse pas vraiment le temps à Gil de répondre avant qu’un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. « Le p’tit toutou d’Evie. Du coup pas question de foutre le feu. »

Contrairement à Gil, qui pour le coup doit faire un effort pour s’intéresser au plan d’Harry, ce dernier est bien plus énergique. Faut dire que les derniers jours sur l’Île ont été fatiguant, tout le monde se préparant au jour J. Et s’il se souvient correctement, car il ne fait pas toujours attention à ça, il lui semble qu’il n’a pas eu le temps de se venger du dernier tour de Meldred.

« Ce gredin à une peur bleue de tout ce qui a des plumes, et particulièrement des Hiboux ! On capture de la bestiole et on lui fait une petite surprise ! »

C’est d’une ironie sans nom qu’il ose ainsi exploiter la peur de quelqu’un, étant lui-même victime d’une véritable phobie lorsqu’il s’agit de crocodiles.

« Te réhabituer à traîner avec nous ? J’sais qu’on est pénibles mais quand même pas à ce point. »

En tout cas, Uma et l’équipage ne le sont pas, il a bien conscience que lui peut facilement cocher la case pénible et exaspérant avec une facilité déconcertante. Mais il a un sourire au coin des lèvres, ne pensant pas une seule seconde que Gil pourrait vraiment manquer la présence de Jay s’il est entouré de l’équipage.

« Et puis une fois en mer, on découvrira plein d’Îles que personne n’aura exploré avant, ce sera quand même bien plus chouette si on découvre tout ça tous ensemble ! »

Et bien plus sûr. Battre deux gars avec des épées ou tout un équipage, s’ils devaient croiser un quelconque danger, ça fait un océan de différences. Mais Harry ne va pas aller dire à Gil qu’en plus de craindre qu’il soit en train de perdre son meilleur ami (un de ses deux seuls véritables amis), il craint aussi que Jay va le trainer dans une situation dans laquelle il ne s’en sortira pas indemne. Oublions ça, Gil peut très bien se foutre dans pareille situation tout seul. On l'excusera s'il ne fait pas confiance au fils de Jafar pour s'assurer de la sécurité de Gil. Il ne fait confiance à personne, sauf Uma, pour s'en assurer.

Pour Harry, la discussion est close. Déjà qu’il en a, à son goût, trop parlé. Parler de ce qu’il ressent, car c’est en quelque sorte ce qui s’est passé, ça l’horrifie. Les sentiments, c’est bien d’en avoir pour ne pas être une véritable ordure, mais ça ne veut pas dire qu’il faut sautiller partout en parlant de ces derniers comme si c’est normal de faire ça. Sans doute qu’ici, ça l’est. Mais sur l’Île, c’est quasiment une preuve de faiblesse. Aux yeux de son père, aussi. Alors non, Harry n’est pas un monstre qui n’a pas la moindre once d’empathie à offrir. Il choisit juste d’être extrêmement sélectif lorsqu’il en fait preuve. Et ça compte aussi pour ce qu’il ressent. Au moins le premier venu ne peut pas lui biser le cœur, ce qui n’est pas le cas de toutes ces princesses et princes qui croient en l’honnêteté absolue de ceux qui les entourent. Alors tout ce qui vient de se dire entre Gil et lui, c’est sans doute l’air d’Auradon qui le rend extrêmement bavard et peu conscient qu’il entre dans une phase soft express. Il faut remédier à ça, vite, ou prochainement il ira vider son sac chez Uma et n’est-ce pas là une idée terrifiante.

Quoiqu’il en soit, il expose son plan à son acolyte. Meldred mérite ce qui va lui arriver, point. Vengeance enfantine, sans doute, mais il faut bien passer le temps et le temps à Pourridon se fait long.

« Des oiseaux. Non, je ne veux pas capturer Meldred. »

Gil ne fait pas vraiment attention à ce qu’il lui dit, mais Harry ne fait pas attention à ce que Gil lui répond. S’il n’arrive pas à lui changer les idées, c’est qu’il n’y arrivera pas directement. Mais ce n’est pas grave, il peut être patient, quand il veut.

« Nocturne. Ça vit la nuit et c’est pour ça qu’on va s’éclipser du dortoir en pleine nuit et aller jusqu’à la forêt pour en trouver un. Et Meldred ne va pas garder le Hibou, il ira le libérer tout de suite après l’avoir reçu, t’inquiète pas on ne lui fera pas de mal. »

À l’hibou. Si Meldred se mange une fenêtre en ne sachant s’échapper par la porte, c’est une toute autre histoire. Il n’y vraiment qu’Harry pour avoir un meilleur ami qui s’inquiète du sort d’une sale bestiole, vraiment, mais si ça lui fait plaisir, il veut bien faire croire à Gil que l’hibou ne risque rien. Ni la bonne douzaine d’autres oiseaux que les autres captureront à sa place.